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bagarreGrands donneurs de leçons en ce qui concerne l’unité de leur Communauté, bon nombre de Musulmans se révèlent beaucoup plus habiles lorsqu’il s’agit de médire à tire larigot sur leurs coreligionnaires. Lentement mais sûrement, les dénigreurs en tous genres participent à restaurer la Bellum omnium contra omnes[1] qui sévissait en Arabie avant l’avènement de l’Islam.

Les Musulmans peuvent se réjouir de disposer aujourd’hui de lieux de Prière de plus en plus nombreux, même s’ils ont à déplorer que ce parc immobilier soit immuablement géré par des dirigeants autoproclamés et embourgeoisés qui imposent leurs vues à des fidèles résignés et normalisés. Sunnites, Chiites, Ikhwanis, Soufis, Tablighis, Salafis, Modérés, etc, la Communauté Musulmane s’est petit à petit transformée en un conglomérat de groupes aussi exclusifs et sectaires les uns que les autres. Tous sont éminemment persuadés de vivre leur foi comme il se doit, conformément à la lettre ou à l’esprit de l’Islam, et ne se gênent pas pour le faire savoir, égratignant au passage tous ceux qui ne partagent pas leur façon de voir. Rares sont donc ceux qui acceptent de dépasser les frontières de leur Minhaj (voie) pour échanger et construire avec ceux qui ne le partagent pas totalement.
 « T’as vu ce qu’ils ont dit et ce qu’ils ont fait ? ». S’il y avait des « saints » au sein la Communauté Musulmane contemporaine ça se saurait, et il faut bien admettre qu’à l’inverse nos coreligionnaires ont plutôt une propension (j’allais dire naturelle, astarfirouLLAH) à commenter – plus ou moins méchamment – les faits et gestes de ceux qui n’ont pas l’heur de leur plaire. Certains en font même résolument et impudemment leurs fonds de commerce et déblatèrent à plaisir, s’appesantissant sur les défaillances et les incartades de leurs prochains tout en se délectant de leurs déboires, sans pour autant que leurs propres réalisations s’en démarquent véritablement avantageusement.
Quand ça persiffle alentour, la plupart d’entre nous « laissent pisser le mouton » en attendant que ça passe, bien plus souvent par faiblesse que par diplomatie. Cependant, à force d’endurer et d’intérioriser, certains finissent par saturer et par prendre des distances avec la collectivité et, en fonction de leur tempérament, par se retirer sur la pointe des pieds ou en pétant les plombs. Rien d’étonnant ensuite à ce que les plus fragiles et les plus susceptibles en viennent à s’isoler complètement ou deviennent beaucoup plus sélectifs dans leurs fréquentations, participant ainsi activement, à leur façon, à l’émiettement communautaire. Alors, avant de se laisser aller aux commérages malveillants, songeons donc à tous ceux qu’il vaudrait mieux ménager pour éviter qu’ils soient écœurés et se démobilisent.
Certes, certaines déclarations ou comportements sont parfois intolérables et méritent de vives critiques voire de sévères condamnations, mais quand à exclure ou excommunier leurs auteurs pour quelques pas de travers, c’est peut-être un peu exagéré. Même si détruire est plus facile que de réparer ou de construire – puisque ça ne requiert aucune aptitude et aucun savoir-faire –  donnons-donc à nos souffre-douleurs (pour ne pas dire « têtes de Turcs ») quelques chances de se refaire. D’autant plus que, bien que persuadés d’être plus malins et plus capables que la plupart de nos congénères, nous ne sommes aucunement à l’abri d’un impair ou d’une erreur de jugement. Et, comme il y a plus de bonimenteurs pour promouvoir des chimères que de volontaires pour proposer gracieusement leur force de travail ou s’engager financièrement, comme dit l’adage, « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ».
[1] La guerre de tout le monde contre tout le monde, expression latine citée par le Professeur Muhammad Hamidullah (رحمة الله عليه) pour décrire la situation préislamique dans la péninsule arabique.

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@DYLeclercq RÉPONDRE A L'ISLAMOCLASTIE PAR L'IRONIE IRRESPECTUEUSE

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